L’histoire de la construction européenne fait partie de notre histoire, celle des générations précédentes, et aussi celles des futures. Le vingtième siècle est comme deux demi-siècles opposés et contradictoires. Sa première partie est caractérisée par la deuxième Guerre Mondiale, des sentiments de haine en Europe, et la deuxième partie est plutôt dédiée aux puissances totalitaires et autoritaires. La première partie du siècle se remplit de difficultés, de désordre et de la Guerre Mondiale. La deuxième partie du siècle est complètement l’opposé. Après les destructions de la guerre, la réconciliation, la paix, la reconstruction, la solidarité sont des faits dissociés. Ceci est le processus de l’intégration de l’Europe. L’idéale européen est un idéal qui a des racines, même avant la fin de la deuxième guerre mondiale : pensons à l’Italie, aux mouvements fédéralistes, pensons à Altiero Spinelli, aux manifestations de Ventotene de 1941. C’étaient les années du lycée pour moi, années de la guerre et de la Résistance, j’avais un professeur qui a été passionné par Benedetto Croce, on lisait beaucoup Croce, Histoire de l’Europe du XIXème, écrit en 1932, à la veille de la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne, durant la décennie de la révolution fasciste de 1922. Monsieur Croce parle déjà d’un germe d’une nouvelle nationalité européenne, et dit une belle phrase, dont je me souviens de mémoire, car je l’ai répétée tant de fois: "A quel modo che or sono 70 anni, un Napolétain de l'ancien régime et un Piémontais sub-alpin se firent italiens, sans renier leur être antérieur, mais en l’élevant et le résolvant dans ce nouvel être; ainsi et les Français et les Allemands et les Italiens et tous les autres se front Européens et leurs pensées s’adresseront à l’Europe et leurs cœurs battront pour elle, comme avant pour leurs patries plus petites, n’oubliez pas déjà, mais aimez mieux". Mais regardons un peu l’après-guerre qui commence déjà avec une scène beaucoup plus mouvementée, nouveau démarrage, d’une Europe, a peine libérée d’un cauchemar. Parlons de la Guerre Froide : 1946. En mars, Churchill prononce son discours célèbre à Fulton, au Missouri, où il dit : “Est tombé sur l’Europe un rideau de fer, notre devoir est de faire un bouclier aux innombrables maisons des hommes, contre deux gigantesques machines à proie : “la guerre et la tyrannie”. Commencent les premières associations des pays européens, pensons à l’OCE, l’Organisation de Coopération Economique de 18 pays, qui répondent à l’invitation américaine du Plan Marshall des années 1947-48. Puis nous avons un premier plan d’auto-défense collectif, le Traité de Bruxelles de mars 1948 entre seulement 5 pays : la France, la Grande Bretagne, la Belgique, l’Hollande, et le Luxembourg. L’Allemagne et l’Italie n’y sont pas encore. L’UEO naît alors, avec une histoire longue et intéressante. C’est la Conférence d’Aja qui rassemble les mouvements fédéralistes avec l’idée d’élections pour l’Union européenne, mais l’idée s’arrêtera rapidement. Puis, il y a une coopération européenne sans intégration : le Conseil européen, la Convention des Droits de l’Homme de 1950 à Rome. Mais la route de la véritable intégration sera diverse et commencera ailleurs. Elle commencera un an après, en 1950. La route partira d’un choix préliminaire, l’option du commerce, avec ceux qui se présentent dans l’après-guerre et qui imaginent une Europe associée ou intégrée. Se présentent des possibilités diverses. Justement, nous faisons intervenir des options diverses : la première phase représente l’option alternative, mais tend à aller vers le choix de l’option du marché, qui semble plus réductif, le moins laborieux, même si ceci aurait pu avoir une immense capacité de développement. Nous arrivons à la décision de 1950, l’idée de créer un marché commun de charbon et de l’acier, question de réconcilier par ceci la France et l’Allemagne et de s
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