Nous sommes encore en train de parcourir l’histoire de l’intégration de l’Europe, des années 1970. Nous avons vu l’élargissement, premier filon évolutif. Nous avons vu le renforcement institutionnel, l’entrée du Parlement européen, dans le système d’élection de suffrage universel direct. Le Parlement est un organe qui prendra ensuite des pouvoirs importants en matière de budget et ensuite en matière de législation. Maintenant nous devons voir le troisième filon évolutif, c’est-à-dire, à part le marché, les nouvelles compétences politiques. En attendant, répétons encore une fois, que le processus de parcourir et d’arriver à la pleine réalisation du marché unique est encore un long chemin et d’ailleurs, ceci arrivera seulement en 1992, pour ensuite avoir une vraie et propre politique de la concurrence et de la fiscalité et une harmonisation législative. Durant les années 1970, il y aura un aspect neuf de la politique économique, qui prend une importance de grande envergure, c’est l’aspect de la politique monétaire. Au début des années 1970, le 15 août 1971, avec la fameuse annonce du Président américain, Nixon, concernant l’abandon de la convertibilité du dollar en or, introduite par le système de Bretton Woods, se termine le système de change fixe. A la fin de la seconde Guerre Mondiale, on arrive à la libre fluctuation de la monnaie clairement dans un contexte de difficultés, avec la crise énergétique, etc. Les années 1970 sont un grand obstacle au développement d’un marché unique, basé sur la division de la politique économique de la part des Etats Membres. Il y a eu des premières tentatives partielles, le serpent monétaire en 1973 -74, mais le tournant sera en 1978 avec l’initiative de deux forts leaders européens : Valéry Giscard d’Estaing, Président de la République française et de l’autre coté, Helmut Schmidt, Chancelier allemand. Ils proposent aux autres pays de se doter d’un système monétaire européen, entre les monnaies des pays européens, caractérisé par une forte limitation dans la fluctuation des changes. J’ai eu la chance d’être le négociateur italien, comme Ministre des Finances, alors en contact continu avec tous les autres pays du système monétaire européen. J’ai aussi eu la chance par exemple d’entendre un splendide discours de Helmut Schmidt, qu’il faisait à Jimmy Carter, Président des Etats Unis, à l’occasion du G7 de Bonn en juillet 1978. En effet, ils étaient en train d’inciter et de faire avancer l’Europe sur le chemin d’une intégration monétaire. Carter a dit à Schmidt : « Tu m’avait appelé deux fois, mais je n’ai pas les idées bien claires, puis mes citadins américains ont peur que vous vouliez faire une politique contre le dollar ». Schmidt répliqua avec grande éloquence : « Il y a une grande différence entre vous et nous. Nous sommes très exposés au commerce international entre les divers pays européens, mais nous avons des monnaies qui fluctuent d’une manière parfois insensée et l’entrepreneur investit aujourd’hui sans savoir à quel taux de change il pourra vendre ses produits dans un autre pays. Vous, vous avez cependant la chance d’avoir partout le dollar, vous l’avez à New York, comme à la Nouvelle Orléans, vous l’avez à Los Angeles, comme à Vancouver. » On entend la voix du Premier Ministre canadien, Trudeau, qui dit : « Mais moi, je croyais que Vancouver était encore au Canada… ». Cette épisode est de 1978. Démarre le système monétaire européen, mais les années 1970 sont aussi les années des politiques nouvelles. Nous avons déjà rappelé qu’avec l’article 235, sans avoir besoin de modifier les Traités, le Conseil peut introduire des politiques nouvelles. Je rappelle les trois plus importantes : la politique du développement technologique, la politique d’environnement et enfin la politique de la cohésion économique et sociale. Ces politiques s’intégreront petit à petit dans l’Acte Unique. Je termine en rappelant qu’au niveau de la coopération politique des années 1970, il y aurait quelques petites
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