L’Acte Unique Européen, ce texte dont nous avons parlé précédemment, qui prévoit des mesures de caractère législatif et la modification de la façon dont le Conseil, le Parlement et la Commission prennent les décisions, ce texte qui permet en particulier la réalisation du grand marché à l’intérieur duquel circulent librement les biens, les services, les capitaux et les personnes, est entré en vigueur en juillet 1987. L’Acte Unique entre dans cette Communauté composée désormais de 12 pays, l’Espagne et le Portugal ayant aussi adhéré, en juillet 1987, permettant justement à la Communauté Européenne de se charger, d’une certaine façon, de la nécessité d’une compétitivité majeure de l’industrie européenne et du système économique européen. C’est aussi grâce au fait que ce marché est un marché où la concurrence pousse à l’investissement, pousse les industries, pousse l’économie non seulement à risquer, mais finalement à investir davantage dans la recherche, dans l’innovation, pour plus de postes de travail. Maintenant, on s’est subitement rendu compte, quand est entré en vigueur l’Acte Unique en juillet 1987, qu’on pouvait parler de Marché Unique mais seulement dans la perspective d’accompagner, ou de faire suivre le Marché Unique, par la réalisation d’une Union Economique et Monétaire. Union Economique et Monétaire signifie une expérience que nous avons vécu dans tous nos pays. Il est possible de penser à un marché unique à condition qu’à l’intérieur de ce marché circule une monnaie unique. Donc l’idée était une idée plus ancienne que l’Acte Unique, qui remonte à la fin des années 1950, l’idée de poser comme objectif de la Communauté Européenne aussi celui de se doter d’une monnaie unique. Donc déjà peu de mois après l’entrée en vigueur de l’Acte Unique, d’abord les ministres des finances, ensuite de grands personnages, comme par exemple Valéry Giscard d’Estaing ou Giulio Andreotti ou d’autres personnages d’autres pays d’Europe, lancent l’idée de commencer une nouvelle négociation entre les Gouvernements pour réaliser l’Union Economiqie et Monétaire. Cette négociation qui possède une nature de caractère substantiellement économique, mais avec un objectif politique, débute pendant une période où commencent à se ressentir d’une certaine façon de l’autre côté du rideau de fer, c’est-à-dire dans les pays soumis à l’impérialisme soviétique, les éléments de changement. L’arrivée par exemple en Union Soviétique de Michael Gorbatchev, les mouvements culturels et de travailleurs en Pologne guidés par l’électricien Walesa, ou les révoltes des intellectuels dans la Tchécoslovaquie comme Havel. En résumé, de ces pays arrivent en quelque sorte des messages forts aux pays d’Europe occidentale, de ces peuples qui comprennent qu’est arrivé également leur moment d’entrer dans la démocratie européenne. Au moment où les Gouvernements décident de mettre la main à la pâte pour la réalisation de l’Union Economique et Monétaire, au même moment tombent progressivement les barrières qui séparent l’Europe occidentale de l’Europe orientale. Nous arrivons à ce grand moment de l’été et ensuite de l’automne 1989, quand des milliers de voitures de citoyens de l’Allemagne de l’Est, passant par la Hongrie et l’Autriche arrivent en Allemagne de l’Ouest et quand surtout le 9 novembre 1989 tombe enfin le Mur de Berlin. Donc avec la chute du Mur de Berlin et ce qu’on appelle les révolutions de velours des pays qui avaient été soumis à l’impérialisme soviétique, commence une autre phase de l’histoire de l’intégration européenne, au sein de laquelle on comprend que l’Union Economique et Monétaire doit être accompagnée aussi par la réalisation de cette Union politique à laquelle avait pensé, pour laquelle avait travaillé dans les années précédentes Altiero Spinelli. C’est donc à Rome, c’est-à-dire dans la même ville qu’en 1957, où furent signés les Traités de Rome, qu’en décembre 1990 on décide de lancer la négociation entre les Gouvernements pour réaliser ensemble l’Uni
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