Comme dit précédemment, Jacques Delors avait fixé un objectif, un calendrier, une date, un agenda selon lequel le Marché Unique devait être réalisé d’ici le premier janvier 1992. Ce Marché Unique fût réalisé seulement en partie car, grâce à la suppression des frontières techniques, des frontières fiscales, se sont écroulées justement les frontières concernant la libre circulation des biens qui concernent en bonne partie la libre circulation des capitaux. Quand commençât à se lancer la procédure qui allait porter vers la libéralisation économique et monétaire, commencèrent aussi à circuler, mais de façon très limite, les services. Les services sont surtout les banques, les assurances. Encore aujourd’hui nous voyons dans nos pays que les banques, les assurances et les autres services offerts aux citoyens ont du mal à entrer dans un système de concurrence, parce que ce sont des secteurs très sensibles dans lesquels chaque Etat cherche, d’une certaine façon jalousement, à maintenir intacte sa propre culture nationale. L’autre élément important est que des obstacles relatifs à une pleine et libre circulation des personnes entre les divers pays continuaient à exister entre les pays membres de la Communauté Européenne, c’est-à-dire que des systèmes de contrôle des personnes aux frontières continuaient d’exister. Jusqu’à ce que cet objectif peinait à être réalisé, certains pays parmi les 12 pays membres de la Communauté Européenne décidèrent de se réunir dans un petit village du Luxembourg. Les Ministres de quelques pays se rencontrèrent là, dans le but d’accélerer cette procédure qui devait permettre la libre circulation des personnes, qui est un fait non seulement symbolique, mais aussi un fait essentiel pour permettre ensuite aux citoyens de se sentir partie intégrale d’une même société. Dans ce petit village du nom de Schengen fût signé un accord qui, à travers une série d’étapes, permettait ensuite d’éliminer les contrôles aux frontières entre les pays adhérents à cet accord. Parallèlement à cette procédure qui constitue un renforcement de la citoyenneté européenne, qui est un symbole important de la citoyenneté européenne, un autre fait très important dans l’histoire de l’Europe se produisît. Dans l’espace d’un an, même moins d’un an, entre le 9 novembre 1989 et le 2 octobre 1990, cette Allemagne qui pour plus de 40 ans fût divisée par un rideau de fer, par un rideau qui avait entre autres provoqué de nombreuses morts, cette Allemagne se réunifît, sous un même Gouvernement, sous la même démocratie. Une Allemagne unifiée avec 85 millions d’habitants, s’engage évidemment sur la scène européenne, prétendant être désormais une démocratie mature, à jouer un rôle de protagoniste dans l’histoire de l’Europe et aussi dans l’histoire du monde. Ce protagonisme de l’Allemagne permet entre la fin de 1990 et les années 1991-92 d’atteindre toute une série de résultats importants du point de vue de l’intégration européenne. Il permet l’adoption d’un Traité qui lance la procédure qui nous portera quelques années plus tard à la réalisation de la monnaie unique, il permet de créer le premier noyau de la citoyenneté européenne et permet de poser les premières pierres de la réalisation d’une politique étrangère et de sécurité commune dans la perspective de renforcer l’identité de l’Europe dans le monde.
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