Nous avons rappelé précédemment qu’ont été lancés à Rome deux processus parallèles qui ensuite allaient se rencontrer. On parlait en Italie des “Convergences parallèles”, deux processus parallèles qui se rencontraient, l’un relatif à l’Union Economique et Monétaire dont l’objectif ultime était celui de la création de la monnaie unique, l’autre étant celui de l’unité politique liée évidemment au fait que tombent les barrières avec les pays de l’Est, dans la perspective de l’unification du continent. Commence donc à Rome une négociation, sous la Présidence italienne en décembre 1990, négociation qui se conclût une année plus tard à Maastricht, ville des Pays Bas. Dans cette ville, les 12 Chefs d’Etat et de Gouvernement arrivent à un accord sur un Traité, qui se nomme le Traité de Maastricht et se caractérise par 3 éléments importants. Le premier est que le Traité institut l’Union Européenne. Nous avons dit précédemment que le Parlement Européen, sous la poussée de Spinelli, avait proposé de transformer les relations entre les pays membres de la Communauté en une “Union Européenne”. Quelques années après le projet Spinelli, les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de donner vie à l’Union Européenne. Le second élément important du Traité de Maastricht est le fait qu’est créée la citoyenneté européenne, la figure du citoyen européen doté de toute une série de droits, comme par exemple le droit de vote aux élections municipales ou aux élections européennes, ou quelques droits liés à l’appartenance à une communauté civile. Le troisième élément, qui est tout aussi important, est celui relatif à la création d’une politique étrangère et de sécurité commune, c’est-à-dire une politique qui renforce d’une certaine façon la possibilité pour l’Europe de s’affirmer avec sa propre voix au niveau mondial. Le Traité de Maastricht fût signé à la fin de 1991 et fût ensuite soumis aux ratifications nationales. Commence à ce moment-là une de ces phases difficiles dans l’histoire de l’intégration européenne, quand le fait de demander aux citoyens de donner leur accord à l’avancement de l’Union Européenne, vers des destins et des objectifs parfois peu expliqués à l’opinion publique, provoque dans certains pays, parmi certains peuples, des réactions d’incertitude, des réactions de peur. C’est ce qui se passe en France lors du référendum sur le Traité de Maastricht, quand la majorité des citoyens français, pour quelques dizaines de milliers de votes, donne son accord à ce Traité, et surtout au Danemark où les citoyens doivent aller voter par deux fois pour permettre au Traité de Maastricht d’entrer finalement en vigueur en 1993. L’élément fondamental de caractère économique du Traité de Maastricht est la réalisation de l’Union Economique et Monétaire avec en particulier la création de la monnaie unique. Il vaut la peine de rappeler deux protagonistes italiens de ce processus d’unification monétaire. L’un est le Ministre des Finances d’alors Guido Carli, qui avait été Gouverneur de la Banque d’Italie (une partie importante des règles concernant les éléments essentiels de l’Union Economique Monétaire est due à l’effort et aux idées de Guido Carli), et l’autre est Tommaso Padoa Schioppa, membre du Conseil d’Administration de la Banque Centrale Européenne, qui a été un des rédacteurs de la partie du Traité concernant l’Union Economique et Monétaire. A cette occasion également, les Italiens ont contribué à un avancement du processus d’intégration européenne avec les idées, les ambitions, une vision, et donc dans l’intérêt de l’Union Européenne dans son ensemble.
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