La nouvelle Commission Européenne avait donc une double nouvelle piste. La première partie de cette mission était celle de reporter le sens de l’Europe, le sens de la mission et de la traduire en une action pratique ; la seconde était celle de réaliser l’élargissement de l’Union pour tenir compte des nouveaux événements de l’histoire. La première partie de la mission était la plus difficile, la plus complexe, justement parce qu’il y avait besoin de reprendre tous les aspects du processus décisionnel des diverses institutions européennes : le rôle des Etats membres, le rôle de la Commission, le modèle organisationnel, et en vue d’une nouvelle organisation du mode de travail, réformer la structure et le mode d’opérer de la Commission elle-même, c’est-à-dire l’organe de gouvernement et exécutif de l’Europe. Ceci signifiait avant tout confirmer les priorités dans le domaine de la politique et organiser le travail de la Commission pour obtenir et rejoindre les objectifs politiques proposés. Parmi les objectifs, en 1999/2000 était dominant celui de la croissance économique, mise en danger par la fragmentation même de l’Europe. Vient alors le sommet de Lisbonne, où a été martelé un concept très précis : qu’en dix ans, c’est-à-dire d’ici 2010, l’Europe doit devenir le pivot , le point fort de référence de l’innovation dans le monde. L’Europe, le vieux grand continent où est née la science, la technologie, la modernité, dépassée par les Etats-Unis et le nouveau monde, devait retourner au sommet de la modernité et de l’innovation. Le sommet de Lisbonne, qui a trouvé de grands accords dans le sens également de la joie d’imposer ces instruments d’euphorie, mais attention, dans un moment dans lequel nombre de pays participants n’était absolument pas disposé à mettre ensemble les instruments pour rejoindre ces objectifs. C’est-à-dire d’un côté unanimité à dire que nous devrons devenir le point de référence de l’innovation mondiale, mais de l’autre difficulté à mettre ensemble les ressources et difficultés à trouver de nouveaux processus décisionnels entre les divers pays. C’est tellement vrai qu’à Lisbonne triompha la méthode du ainsi dit « Benchmarking », mot qui signifie « de la comparaison », selon lequel : nous n’établissons aucune mesure obligatoire quant au comportement des divers pays, nous n’établissons aucun objectif obligeant, mais disons seulement que chacun devra suivre l’exemple du pays le plus vertueux. Il est clair que cette approche a des limites très fortes et en effet ce système n’a pas été suffisant pour réveiller l’Europe. Un grande contradiction est ainsi née à Lisbonne : d’un côté des propositions très prometteuses, la Commission qui évolue, qui se renforce pour rejoindre ces propositions, mais des Etats membres qui ne concèdent ni ressource, ni les réformes décisionnelles nécessaires pour atteindre ces objectifs. Ceci est la grande contradiction dans laquelle l’Europe a vécu pendant ces années, contradiction de laquelle nous ne sommes pas encore sortis et de laquelle nous devons absolument sortir dans un avenir proche.
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