L’élargissement de l’Europe n’était certainement pas un fait nouveau. L’Europe est née avec 6 pays, ensuite elle s’est développée pour arriver jusqu’à 15, mais de 15 à 25, c’est vraiment une augmentation de dimensions et de complexités sans précédents. Il est clair que cet élargissement requérait en parallèle une réforme profonde des institutions, pour rendre l’Europe capable d’affronter les nouveaux devoirs. Le premier problème était donc celui de la réforme interne de la Commission, c’est-à-dire du mode de travailler. A ce niveau, il y a eu des mois et des mois de continuel affinage de toutes les procédures, des processus décisionnels et surtout des contrôles sur les dépenses, le bilan, parce qu’il y avait eu des faiblesses, comme dans toutes les institutions complexes. Il y avait des accusations selon lesquelles il n’y avait pas eu suffisamment de rigueur dans l’utilisation des moyens et des ressources, et donc a été refaite complètement l’analyse des procédures avec lesquelles nous travaillions, avec un travail rigoureux vraiment extraordinaire, je dois dire. L’accusation d’une Europe qui s’étend à droite et à gauche a été de nombreuses fois faite. Nous avons conservé le nombre de fonctionnaires au niveau des employés d’une ville européenne moyenne, un quart des employés de la ville de Madrid ou de Rome, et donc c’est une structure petite. Nous avons, en tenant compte de la politique agricole, de la politique de cohésion, de façon à intervenir pour aider les parties les plus pauvres du continent, en tenant compte de tout ça, nous nous sommes maintenus à une dépense inférieure à 1% du Produit National Brut européen. Si nous demandons à ceux qui ne sont pas experts en la matière, tous pensent que du bilan résulte 5, 10, 20%, en réalité c’est moins de 1%, avec rigueur, avec sérieux. Les nouvelles procédures transparentes ont fait de telle sorte qu’il y ait aussi des organismes de surveillance et de contrôle et surtout un renforcement important du contrôle du Parlement, de façon à ce que, malgré la complexité de l’Europe, on puisse se présenter devant les citoyens avec la conscience tranquille et en toute transparence, de façon à ce que chaque Euro dépensé puisse être contrôlé aussi bien par le Parlement que par les organes spécifiques de contrôle du bilan. Ceci étant fait, il était clair qu’un autre problème se posait immédiatement. L’élargissement exige également un changement total, sur le modèle des principes régulant l’Union Européenne, c’est-à-dire qu’une Union aussi grande a besoin de partager des principes fondamentaux, a besoin de ce que nous appelons dans un langage simple, d’une Constitution. Parallèlement à l’élargissement avait donc émergé l’idée d’un processus constitutionnel. Processus constitutionnel qui est toujours compliqué justement parce qu’on part de l’union de pays qui ont des histoires complètement différentes. Pensons aux fondements juridiques français, italien, allemand ou britannique, pensons à la diversité existant à propos du concept-même de constitution dans ces pays. Alors, chercher à avoir une “carte commune” pour affronter un futur qui devra être commun pour des siècles et des siècles est une des missions les plus importantes et les plus difficiles. A donc bien évidemment commencé un débat fastidieux, car il existe encore en Europe, il existait et existe deux concepts fondamentalement divers, le premier étant celui d’une Europe un peu comme une union douanière ou bien peu de plus, et l’autre au contraire celui d’une Europe d’intégration profonde. Obtenir une carte constitutionnelle qui allie ces diversités a été et est un grand défi.
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