Le défi de trouver une âme commune pour l’Europe était le défi le plus difficile, mais aussi le plus fascinant que nous avions devant nous. Il n’était pas facile, vu les divisions entre ceux qui voulaient une Europe “minimaliste” et ceux qui au contraire voulaient une Europe plus profonde, de trouver une voie du milieu. Mais l’idée de la constitution dont il se parlait, je dirais de façon sussurée, mais qui ne pouvait encore entrer dans le débat, apparut lorsque, lors du sommet de Nice, on se rendit compte que continuer avec les méthodes de décision léguées par l’histoire, par le passé, dans une Europe nouvelle, aussi complexe, était absolument impossible. Pendant la nuit de Nice, l’affrontement entre les différents pays se transforma en heures et heures de discussion, pendant lesquelles chacun essayait de mesurer la force et l’influence des uns et des autres, laissant des tensions et également toute une série de problèmes insolubles. Ils avaient fait comprendre qu’on ne pouvait aller de l’avant ainsi. Et c’est là que la Commission proposât et que commençât un système. peut-être un peu timide, mais qui était l’unique possible, qui consistait à mettre en avant les problèmes et ensuite de les pourchasser, c’est là qu’on commençât à proposer l’idée d’une “Convention”, c’est-à-dire d’une assemblée qui discute et propose une nouvelle convention. Une Convention formée de ceux qui évidemment représentaient l’Europe démocratique. Donc du Parlement Européen, des Parlements nationaux, des représentants des Etats membres, des représentants de la Commission, et tous ceux-ci furent réunis en une grande assemblée nommée justement “la Convention Européenne”, qui a discuté pendant 18 mois, de façon absolument démocratique, l’idée d’une nouvelle constitution, dans laquelle se trouvaient vraiment les racines d’une nouvelle Europe. Naturellement, le cadre politique tellement complexe, l’idée diverse de l’Europe issue des divers pays a fait que le projet de constitution fût surtout un compromis. Un compromis, sérieux, fort, dont la première et seconde partie concernaient les aspects généraux et les principes fondamentaux de l’Union, la troisième concernait les procédures, les techniques et les objectifs particuliers. Ce fût un processus fastidieux, avec cependant toute une série de débats qui revus plus tard, même si seulement après quelques années, donnent déjà le sens de la force du débat-même, dans le sens où les représentants des peuples et des gouvernements cherchaient vraiment quelque chose de nouveau et de fort. Et certainement, comme je disais, le texte a été un compromis qui a laissé des mécontents parmi les uns et les autres. Un des motifs pour lesquels le référendum français, et ensuite celui hollandais, a rejeté la constitution a été probablement le fait qu’a été rejeté ce projet par ceux qui voulaient plus d’Europe et par ceux qui voulaient moins d’Europe. Donc, ce grand chapitre de la future évolution européenne doit être repensé. Il doit être repensé à la base, en essayant de trouver de nouveaux objectifs qui puissent réunir le peuple européen et lui donner vraiment cette âme, cet esprit, cette communion d’intentions que nous devons avoir pour que l’Europe soit une protagoniste forte du nouveau monde.
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